Automnes beaux et chauds. Varroa et VarroMed.

Dans notre région, l'Alsace, les étés sont maintenant beaucoup plus chauds avec des mois de septembre qui battent des records de température. La météo de l'automne a également tendance à être plus chaude, avec un temps clément qui peut persister jusqu'au début du mois de novembre, voire au-delà.

On peut résumer l'impact de cette évolution climatique sur le varroa de la manière suivante :

Été indien,
Le varroa se porte bien,
Automne beau et chaud,
Le varroa gagne le gros lot.

 

 Conséquences de cette évolution climatique sur la vie de la colonie.

La prolongation du beau temps en septembre - octobre (voire novembre) va stimuler la reprise de ponte qui est en général constatée en septembre, et retarder la décroissance de la ponte de la reine, pour peu qu’il y ait suffisamment de ressources (fleurs, nourrissement). La météo n’est pas le seul élément qui influe sur la ponte de la reine (la durée du jour a aussi une influence, la réduction de la durée du jour conduit la reine à également réduire sa ponte), mais elle a son importance.

La conséquence est que le couvain sera plus abondant, plus longtemps. C'est une aubaine pour le varroa qui va pouvoir continuer à se reproduire en utilisant "l'usine à varroa" qu'est le couvain. Pour faire court, en présence de couvain, la population de varroa double pratiquement toutes les 3 semaines.

 

Adapter le traitement au VarroMed à cette nouvelle situation.

Ce qui est décrit ci-dessous n'est pas abouti et nécessite des discussions, de l'expérimentation et des échanges sur les résultats observés par les uns et les autres.

Nous nous sommes entretenus avec le laboratoire qui fabrique le VarroMed (BeeVital, merci Daniela), sur la meilleure manière de prendre en compte cette recrudescence de production de varroa à l'automne liée aux évolutions climatiques :

  • faut-il moins traiter en été (par exemple limiter à 3 applications) et faire un autre traitement à l'automne
  • faut-il "retarder" le traitement d'été  (par exemple le faire en septembre)
  • faut-il garder le traitement d'été tel qu'il est préconisé et faire un traitement supplémentaire en automne si l'infestation est trop forte fin septembre - début octobre.
  • autres idées?

Moins traiter en été, ou retarder le traitement d'été n'est pas souhaitable. La colonie commence à mettre en chantier les abeilles d'hiver au cours de l'été, et plus l'été est chaud et sec, plus tôt commencera cette gestation des abeilles d'hiver. Il est important de traiter en été pour réduire la pression du varroa et les dommages qu'il peut causer à ces abeilles d'hiver, indispensables en bonne santé pour garantir la survie de la colonie jusqu'au printemps suivant.

 

La proposition qui est faite ici est la suivante :

  • conserver le traitement d'été tel que préconisé : à commencer vers la fin juillet, 3 applications au minimum, éventuellement aller jusqu'à 5 applications si l'infestation de la ruche est forte (voir guide utilisation du VarroMed)
  • procéder à un comptage de la chute naturelle des varroas phorétiques entre mi-septembre et début octobre (voir Le comptage des varroas. Pourquoi? Quand? Comment?)
  • si le comptage indique un nombre important de varroas phorétiques qui chutent chaque jour, prévoir de faire un nouveau traitement. Ce traitement ne remplace pas le traitement d'hiver à faire en l'absence de couvain (fin décembre - début janvier).

 

La question que tout le monde va poser : qu'est ce qu'un nombre important de varroas phorétiques qui tombent chaque jour à cette époque (fin septembre - début octobre)? Quel est le seuil à partir duquel un traitement est nécessaire?

Nous donnons ici des indications empiriques déduites de ce que nous avons observé sur le suivi d'une vingtaine de ruches cette année. Elles ne sont pas le résultat d'études, et il n'y a aucune justification scientifique associée.

Si le comptage des varroas qui tombent par jour, effectué entre mi-septembre et début octobre est :

  • inférieur ou égal à 10 : on considère que c'est acceptable et qu'il n'est pas nécessaire de procéder à un nouveau traitement
  • entre 10 et 20 : si la ruche est très populeuse, on peut considérer que c'est encore acceptable, sinon il est préférable de procéder à un nouveau traitement.
  • supérieur à 20 : il est préférable de procéder à un nouveau traitement.

Un traitement oui, mais combien d'applications? Le nombre d'applications va dépendre de l'importance du couvain fermé, et éventuellement du nombre de varroas qui vont tomber lors de l'application du produit.

  • S'il y a beaucoup de couvain fermé, prévoir au moins 2 applications, voire 3.
  •  compter les varroas tombés pendant les 6 jours qui suivent l’application. Si vous aviez envisagé de ne faire qu’un seule application, si le nombre de varroas tués est important (> 400) à l’issue de cette première application, prévoyez une seconde application 

 

 


 

Quelques précisions :

  • les éléments et recommandations publiés ici ne sont pas finalisés et sont sujet à discussion. Nous sommes preneurs de toutes les remarques, idées et critiques qui pourront faire progresser la prise en compte du problème qui est posé.

 

        

Merci Dominique pour ce résumé de la situation et l'adaptation nécessaire des traitements que TOUS nous devons envisager, dès cette année.

Pour ce qui est du varromed je reste sur certaines interrogations quant à augmenter encore les passages  ( jusqu'a 9 passages par an ) .. interrogations sur l'effet sur la chitine de la reine et sur celle des abeilles d'hiver, de l'acide oxalique dosé fortement dans le varromed  ..

il est trop tard pour cette année mais nous pourrions réfléchir à un traitement " double" l'année prochaine. Isolement ou encagement de la reine pendant 23 jours et traitement varromed dans la foulée .. . J'ai essayé ce protocole sur quelques unes de mes ruches cette année. Bien sûr il faut attendre le printemps et un comptage sur plateau intermédiaire pour avoir une vue argumentée et fiable .. jusqu'a présent les tests CO2 montrent une absence ou un taux très acceptable de varroas 

Comme tu l'indiques, il est légitime de se poser la question de l'impact sur la chitine et en particulier pour la reine.

J'ai posé cette question à plusieurs reprises à BeeVital qui m'a indiqué que lors des essais du médicament (sur 3 ans de mémoire), aucun problème n'avait été observé sur les reines.

Même chose du côté d'apiculteurs professionnels qui utilisent exclusivement le VarroMed; pas d'observations de conséquences sur les reines (information transmise par BeeVital).

Maintenant, si on augmente les doses annuelles, y aura-t-il des conséquences?

Ta suggestion de procéder à l'isolement / encagement de la reine et attendre qu'il n'y ait plus de couvain operculé pour ne faire qu'un seul passage de VarroMed est intéressante.

À creuser et suivre tes expérimentations.

Je vais suivre particulièrement ces ruches plus celles qui ont été " sucrées " pour la recherche de varroas fin juillet ( dans cadre du protocole Arista) . Si d'autres ont fait de même ce serait intéressant d'avoir leurs retours (bien sûr sans remerage , changement de reine , ou essaims artificiels tardifs ) 

Dominique,

dans la notice d'utilisation Varromed, il est précise que le traitement a lieu fin d'été début automne donc en septembre si on suit les consignes.

Guillaume

Effectivement, la notice indique fin d'été - automne. Voir les premières pages du "guide d'ultisation du VarroMed", que nous avions rédigé en 2019 avec BeeVital.

Dans les discussions que nous avons eues ces trois dernières années avec le laboratoire BeeVital, il avait été reconnu que faire le traitement d'été après récolte, disons fin juillet, permettait de limiter l'infestation qui continue de croître de manière importante, alors que la colonie d'abeilles est en décroissance. De plus, les étés chauds et secs font que la gestation des abeilles d'hiver commencera plus tôt pendant l'été. Si au lieu de commencer le traitement fin juillet, on attend la le fin septembre, la population de varroa sera plus que 4x plus importante à fin septembre, par rapport à l'état de fin juillet. 

Nous sommes toujours dans une phase de prise en main de ce traitement anti-varroa. Nous suivons un certain nombre de ruches pour lesquelles nous menons des campagnes de mesures (chute naturelle quotidienne des varroas phorétiques, chute des varroas pendant les traitements) que nous partageons avec BeeVital. Les résultats observés conduisent à se poser certaines questions, à essayer de comprendre ce que l'on observe et à éventuellement proposer certaines précisions quant au protocole de traitement.

La météo a un impact sur la vie des colonies. Le protocole peut être un peu différent pour des ruches situées en Alsace et des ruches installées dans le Sud-Est de la France. De plus les évolutions climatiques, et ce que l'on observe en ce moment, étés très chauds et secs, automnes beaux et chauds, peuvent nécessiter quelques ajustements.

Guillaume, si tu veux participer au suivi des traitements en menant des campagnes de mesure sur tes ruches, tu es le bienvenu.

Dominique.

Il est effectivement précisé "que le traitement a lieu fin d'été début automne" dans la notice fournie par BeeVital et dans les plaquettes de présentation.

Après discussion avec le laboratoire BeeVital, la recommandation qu'ils feraient aujourd'hui serait la suivante:

  • traiter dès que possible après les récoltes d'été, au moment où l'essaim commence à diminuer et les abeilles d'hiver sont mises en chantier. Cela signifie pour nous fin juillet - début août. Faire ensuite un contrôle fin septembre - début octobre et si l'infestation est importante procéder à un nouveau traitement en octobre.
  • Pour ceux qui transhument pour le miel de sapin, un traitement rapide (au moins une application, à voir selon le volume du couvain) avant la transhumance serait recommandé. Le traitement complet étant fait au retour de la transhumance.

La mise à jour de la notice du traitement est un processus long et lourd lié à l'AMM (Autorisation de Mise sur le Marché). Les changements dans la notice ne sont pas faciles à faire, ils conduisent à un processus administratif parfois dissuasif...