GEPMA. Mardi nature. L'abeille: état des lieux en Alsace. 15 décembre 2015.

Résumé de la conférence du 15 décembre 2015, donnée par Alexis BALLIS, conseiller technique apicole chambre d’agriculture de la région Alsace.

Une assistance nombreuse et passionnée a suivi cette conférence. Un petit groupe d’Asapistra y était. Voilà ce que nous en avons retenu.

Un rappel sur les abeilles domestiques.

Les abeilles domestiques vivent en colonies et produisent du miel. La colonie est un « super-organisme » constitué de la reine et d’individus, enfants de cette dernière.

La colonie.

Son existence est la base du maintien et du développement de l’abeille domestique.
Une colonie vit plusieurs années, ce qui lui assure une stabilité temporelle.
Les abeilles régulent la température de la colonie en toutes saisons: stabilité thermique.
La reproduction de l’espèce est assurée au sein de la colonie: reproduction des individus au travers de la ponte de la reine, reproduction de la colonie par l’essaimage.
La colonie développe ses capacités immunitaires: gardiennes qui filtrent les entrées dans la ruche, propolis, huiles essentielles.

La communication.

Les abeilles domestiques communiquent entre elles.
Avec les phéromones, dans lesquelles 50 substances chimiques ont été identifiées. L’abeille est dotée d’un « jabot » , sorte « d’estomac social » utilisé pour les échanges « langue à langue » entre individus.
 
 
Au travers des « danses » qui permettent aux abeilles de partager avec la colonie les informations concernant lia localisation de ressources (nectar, pollen, etc.) qu’elles ont identifiées lors de leurs explorations.
 
 

Les besoins d’une colonie.

Un colonie se compose de vingt à soixante mille abeilles.

Les ressources nécessaires à une colonie sur une année:

  • 240 kg de nectar (80% d’eau); le nectar est transformé en miel
  • 20 l d’eau
  • de 15 à 55 kg de pollen
  • de 100 à 300 g de propolis

 

Adaptation de l’abeille.

L’abeille domestique est 100% végétarienne.
Elle a des poils branchus et des corbeilles à pollen sur les pattes arrières.
Elle est fidèle à un ensemble de plantes qu’elle butine.
Les grains de pollen ont une viabilité augmentée par le contact avec le corps de l’abeille.

 

Adaptation des plantes.

Les plantes se sont adaptées pour attirer les insectes pollinisateurs.
Fabrication du nectar. Des glandes fournissent le nectar qui est une sève transformée. La présence de nectar détourne les abeilles du pollen, ce qui permet de le préserver.
Les fleurs jouent le rôle de « panneaux publicitaires » pour attirer les insectes.
Il y a une adaptation des pollens pour un meilleure pollinisation.

 

Pollinisation.

Seuls les insectes butineurs de nectar ont une action pollinique.

Les différents types d’abeilles.

  • Les abeilles sauvages qui sont solitaires et ne font pas de miel. Ce sont des abeilles terrestres (qui construisent dans le sol), des abeilles maçonnes, des abeilles potières, etc.  Il y a 831 espèces d'abeilles sauvages et solitaires en France.; mondialement 18 000. Voir "Abeilles sauvages".
  • Les abeilles domestiques vivent en colonie et produisent du miel. Elles sont des généralistes qui butinent tout ce qu’elles trouvent. Une abeille domestique butine dans un rayon de 3 à 4 km.

 

Importance de la pollinisation.

170 000 plantes à fleurs ont été identifiées, dont 40 000 sont très fortement dépendantes des insectes pollinisateurs.
Les arbres fruitiers produisent quelques dizaines de milles de fleurs pendant une période très courte.
 
Quelques exemples de dépendance à la pollinisation:
  • trèfle, luzerne: 100%
  • framboise, cassis, groseilles: 90%
  • cerises: 80%
  • colza: 10%
Bénéfices d’une pollinisation abondante:
  • plus de fruits
  • des fruits plus gros et mieux formés
  • augmentation des graines (pépins)
  • plus grande uniformité des grappes
 
En Europe, 84% des cultures dépend des insectes pollinisateurs; ce qui représente 35% du tonnage de ce que nous mangeons.
 

L’Apiculture en Alsace.

 
Il y a en tout 2500 apiculteurs en Alsace, dont 2300 amateurs (92%). Cela correspond à 35 000 ruches dont 18 000 (51%) sont la propriété d’apiculteurs amateurs.
 
La production annuelle de miel en Alsace est de 1 000 tonnes, pour une consommation de 2 000 tonnes.
 
Différents miels sont produits en Alsace:
  • miel toutes fleurs
  • miel d’acacias
  • miel de tilleul
  • miel de châtaignier
  • miel de sapin
 
 
Mortalité des abeilles, pertes des ruches.
 
En Alsace les pertes de ruches observées ont été les suivantes:
  • 2010: 33%
  • 2011: 26%
  • 2015: 18%
En France, en 2012-2013, plus de 10% des ruches ont été perdues. Dans les pays Nordiques et le UK, les pertes ont été de plus de 20% sur la même période.
 
Comment éviter/limiter les pertes hivernales:
  • une bonne gestion du varroa, utiliser le bon médicament au bon moment,
  • avoir des colonies fortes qui résistent mieux (1,8 kg d’abeilles).

 

Déclin des insectes pollinisateurs.

Le déclin est mondial. Il y a une perte en quantité; le nombre d’insectes pollinisateurs diminue. Il y a également une perte en bio-diverstié.

Les abeilles domestiques sont également fragilisées: baisse de la fertilité des reines, diminution de la durée de vie des mâles, varroa, etc. Il est nécessaire de travailler à entretenir et à développer le cheptel.

Les causes du déclin des insectes pollinisateurs sont multiples.
  • Il y a les causes pathogènes: les maladies, le stress énergétique, les nouveaux envahisseurs que nous amène la mondialisation.
  • La pollution, les pesticides engendrent des troubles et affaiblissent les abeilles.
  • Les changements environnementaux font qu’il y a moins de ressources. D’où des situations de carence et un affaiblissement des colonies. On observe la disparition de fleurs, la raréfaction des milieux sauvages et des cultures mellifères. Les traitements tels qu’insecticides, herbicides, fongicides nuisent à la santé des abeilles. Le développement de l’urbanisation limite le champ d’action des insectes pollinisateurs.
  • Le produits phytosanitaires sont particulièrement néfastes pour les abeilles domestiques. Elles sont des butineuses généralistes qui collectent tout ce qu’elles rencontrent. Certains résidus de produits s’accumulent dans les produits de la ruche, par exemple dans la cire. Le pollen peut-être contaminé par les produits phytosanitaires. La combinaison des certains résidus peut parfois donner des cocktails mortels pour les abeilles.