Vade retro mellifera ?

Voir l'article "Vade retro mellifera ?" datant de 2017 qui nous a été communiqué par Michel.


RÉSUMÉ : Les abeilles sauvages et les abeilles mellifères sont-elles en compétition de manière absolue ? Cette longue introduction a pour objectif de mettre des nuances et de réorienter le débat sur la vraie question qui est la dégradation des écosystèmes.

 


Quelques extraits de cet article.

Les campagnes de sensibilisation du grand public à la diversité des abeilles sont menées avec beaucoup d’assiduité par les milieux naturalistes mais aussi par les apiculteurs qui associent le plus souvent toutes les espèces d’abeilles dans leur combat pour un environnement plus favorable. Les campagnes d’information qu’ils mènent dans les communes ou les écoles permettent de faire mieux connaître la diversité des abeilles. Les nichoirs à insectes fleurissent sur tout le territoire, y compris dans certains ruchers didactiques. Le combat commun pour une amélioration de l’environnement semble récemment éclipsé par une polémique à propos d’un phénomène de compétition entre abeilles sauvages et mellifères. Cette question sème le trouble chez les apiculteurs qui étaient jusque-là doté d’une image de protecteurs de l’environnement. L’image de l’apiculture est en jeu mais aussi la réglementation concernant l’installation de ruchers dans certaines zones du territoire.

 

Le premier danger est de voir les responsables politiques statuer sur la question sous l’influence de ce que l’on peut appeler un lobbying. Il est urgent et nécessaire de rétablir de la nuance dans un dossier complexe.

  • Des abeilles sauvages menacées
  • Apis mellifera entre-t-elle en compétition avec les abeilles sauvages pour les ressources en nectar et pollen ?

 

 

En conclusion.

 

Comme l’écrit Bernard Vaissière de l’INRA : « Dans l’état actuel de nos connaissances, il ne semble pas justifié de vouloir interdire tous les territoires protégés aux colonies d’Apis, même en invoquant le principe de précaution, mais il faut néanmoins être vigilant quant à la taille des ruchers et la charge de colonies/km2 présentes. » Cette déclaration nous semble correcte et admissible.

Il est aujourd’hui important d’adopter une lutte commune pour l’amélioration des milieux. La préservation des sites de nidification des abeilles sauvages les plus vulnérables relève de l’évidence. Il s’agit de les identifier avec précision. En parallèle, une réflexion doit être conduite sur la notion d’utilisation durable des ressources naturelles dans le contexte apicole. Un changement du modèle de production agricole avec une introduction de plus de ressources et d’équilibre (ex. agroforesterie) et moins d’intrants chimiques relève maintenant de l’évidence. Enfin, il est d’une absolue nécessité de poursuivre le travail de recherche taxonomique. Un dialogue et un échange de connaissances mutuels permettrait de mieux comprendre et percevoir les enjeux des uns et des autres.

 


 

La position d'Asapistra.

L'analyse de la situation faite dans ce document est proche de ce que nous avons constaté et les pistes proposées sont également semblables é ce que nous avions recommandé en 2016.

 

Est-ce qu’il y a trop d’abeilles en ville ?

Est-ce que les abeilles domestiques posent un problème aux pollinisateurs sauvages ? C’est un sujet qui est de plus en plus discuté et certaines villes ont pris des décisions pour limiter l’installation de ruches. Quelle est la position d’Asapistra ?

Asapistra s’occupe évidemment des abeilles domestiques, mais a une approche plus globale qui inclut la protection des autres pollinisateurs sauvages. Depuis plusieurs années nous avons travaillé pour mieux comprendre les complémentarités, mais aussi la compétition entre les abeilles domestiques et les pollinisateurs sauvages.

Nous avons intégré ce sujet dans la formation à l’apiculture de loisir que nous dispensons, c’est d’ailleurs le premier cours de la session de formation, pour rendre les futurs apiculteurs conscients de l’impact de l’installation de ruches sur l’environnement et en particulier sur les pollinisateurs sauvages. Un ensemble de conseils leur est donné pour protéger et développer la présence des autres pollinisateurs.

Pour résumer notre position :

  •  Il peut y avoir une compétition entre les abeilles domestiques et les pollinisateurs sauvages si les ressources mellifères ne sont pas suffisamment abondantes, pas suffisamment diversifiées, et si les périodes de floraisons sont réduites.
  • Les raisons du déclin des pollinisateurs sauvages sont : la disparition de leur habitat (ils ont besoin d’une nature un peu plus « sauvage »), la disparition d’une partie de leur nourriture (réduction de la diversité des plantations, certains pollinisateurs sont spécialisés sur quelques plantes)
  • Nous travaillons avec nos partenaires pour restaurer les habitats des pollinisateurs sauvages et développer les ressources mellifères pour tous les pollinisateurs.

L’ensemble de ces informations sont disponibles sur notre site Internet, voir en particulier :

 

Combien de ruches peut-on installer sur un territoire ?

Cela dépend des ressources mellifères disponibles (quantité, périodes de floraisons).

Asapistra a fait il y a quelques années un calcul théorique qui a conduit à un ordre de grandeur. Si l’on prend l’exemple d’une zone pavillonnaire, avec des espaces publics bien plantés, des espaces privés qui prennent en compte les ressources mellifères au niveau des plantations, une surface d’1 km2 peut accueillir au maximum 20-25 ruches. Ce nombre s’applique évidemment à des ruches sédentaires et ne s’applique pas dans le cadre d’installation de transhumance.

Voir sur notre site Internet : /?q=node/564

 

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