Pertes hivernales 2016-2017, région Grand-Est.

BILAN DE L’ENQUÊTE RÉGIONALE - GRAND EST. Pertes de colonies d’abeilles pendant l’hiver 2016-2017.

Merci à l'ADAGE et à Alexis BALLIS pour ces informations et l'analyse des résultats.

L’enquête européenne sur les pertes hivernales de colonies d’abeilles domestiques (Apis mellifera) au cours de la période hivernale 2016-2017 a permis de recueillir les données suivantes pour la région Grand Est (Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine). La Chambre d’Agriculture d’Alsace suit les pertes hivernales en Alsace depuis 2010 et celles en région Grand Est depuis 2016.

 

Résumé :

Avec 24,4% de pertes hivernales sur le Grand Est (dont 14,3% de ruches mortes et 10,1% de ruches non-valeur), l’enquête sur les pertes de ruches au cours de l’hiver 2016-2017 fait état de pertes élevées, à la hauteur de celles de 2010 et 2011.

Les réponses apportées par les 430 participants font état de différences importantes entre apiculteurs, que nous détaillons dans ce rapport. Ces différences se concrétisent par de pertes accrues pour les apiculteurs ayant peu de ruches par rapport à ceux en ayant beaucoup (58% de pertes en plus, en moyenne sur 8 années d’enquêtes).

  • L’importance des choix techniques de l’apiculteur est mise en évidence, notamment ceux concernant la lutte contre Varroa (ce résultat est systématiquement retrouvé, à chaque enquête sur les pertes hivernales).
  • Un second facteur explicatif ressort également : il s’agit de la miellée de sapin de 2016. Fait inhabituel, cette miellée ressort comme liée aux pertes hivernales. Cela est dû à son caractère exceptionnellement tardif, au terme d’une année 2016 à la météorologie perturbée.
  • En définitive, les données collectées nous ont permis d’écarter certaines pistes explicatives et d’apporter des conseils précis concernant la lutte contre varroa.
  • L’influence des perturbations météo sur les pertes hivernales est également abordée : en modifiant le cycle des miellées et des pollinées, ces perturbations transforment la saison apicole. Le dérèglement climatique semble ainsi venir s’ajouter aux problèmes devenus « habituels » de l’apiculture : parasitisme par Varroa, pollutions environnementales et baisse de la biodiversité florale.  

 


Quelques extraits du document:

 

RÉSUMÉ DE LA SAISON APICOLE 2016 EN GRAND EST

« Une saison calamiteuse et un hivernage difficile » Un printemps 2016 froid et pluvieux. Trois mois consécutifs de pluies et de froid (en avril, mai et juin) ont pénalisé le développement des ruches et la production de miel. Les conditions d’élevage difficiles ont abouti à des échecs de fécondations des jeunes reines et à un nombre plus élevé qu’à l’habitude de ruches bourdonneuses de remérages intempestifs de colonies. Les essaims ne se sont pas développés.

Un été sec suivi d’une miellée de sapin exceptionnellement tardive. La production de miel sur l’année 2016 a ainsi été d’environ la moitié de celle d’une année normale.

 

2017 : un printemps très précoce

Dès mars 2017, de nombreuses journées à plus de 15°C ont permis aux reines de reprendre leur ponte, marquant la fin de l’hivernage. A noter que les conditions météo ont permis aux ruches les plus fortes de recevoir la hausse dès la fin du mois de mars.

 

 

Conclusions (extraits):

Le choix du médicament anti-varroa est déterminant. Comme chaque année, Apivar® est associé aux meilleurs résultats (21% cette année), tandis que les traitements au thymol ou à l’acide formique sont associés à des pertes plus importantes (31,5% et 36,4%) en raison des limites et des dangers de leur matière active. Les ruches non traitées affichent les taux de pertes maximales.

Les colonies traitées le plus tôt sont associées aux meilleurs taux de survie.

 

Nous constatons ces dernières années une modification du profil des saisons, largement perturbées par un dérèglement climatique (ou « réchauffement » climatique). Ses conséquences sont nombreuses, notamment pour les végétaux dont dépend intégralement l’alimentation de nos abeilles. En perturbant l’accès au pollen et au nectar, ce dérèglement influence la santé des colonies d’abeilles et donc les pertes hivernales. Fortes chaleurs et autres extrêmes climatiques sont des éléments défavorables, comme l’indique une étude récente qui relève un lien clair entre « des conditions météo plus chaudes et plus sèches durant l’année précédant » d’une part et « des pertes hivernales plus importantes » d’autre part.