C'est la sortie d'hivernage. Très beau temps; attention au pillage.

Quand les premiers mois de l'année sont doux, voire très doux et que la végétation est en avance, les abeilles démarrent la saison apicole beaucoup plus tôt.

La ponte des reines peut reprendre très tôt et la consommation de ressources (miel, candi) augmente. Les abeilles doivent maintenir la température du couvain et pour chauffer, consomment plus qu'en période d'hivernage.

Il est nécessaire de surveiller l'état des ressources et de rajouter du candi si d'aventure les abeilles peuvent avoir du mal à atteindre les cadres de rive avec le miel. À la fin de l'hiver, il y a encore des nuits froides, et éventuellement des retours de froid qui vont obliger les abeilles à redoubler d'effort pour chauffer le couvain et elles vont consommer plus. Le candi accessible aide les abeilles à mieux faire face à ces situations.

 

Mais on parle ici de pillage à la fin de l'hiver, début du printemps.

Avec le beau temps, la végétation qui s'éveille, les fleurs qui deviennent abondantes, les abeilles explorent leur environnement à la recherche de pollen et de nectar. Certaines peuvent être attirées par des ressources dans des ruches pas trop bien défendues (essaim trop petit, entrée pas assez réduite, etc.). Et cela peut déclencher une opération de pillage.

Un apiculteur, que nous aimons bien et qui se reconnaîtra, a déjà subi en automne un assaut de pillardes et plusieurs ruches ont été dévastées. Il y a quelques jours, il nous a informé d'un nouvel assaut de pillardes sur son rucher, avec perte de ruches.

Cela nous a alerté et nous avons un peu plus surveillé les entrées sorties des ruches qui se trouvent dans les environs. J'ai des ruches dans mon jardin et j'ai pu observer à midi par très beau temps une activité typique d'amorce de pillage. Un petit groupe d'abeilles assez bruyant volant de manière un peu erratique sur le devant de la ruche, essayant de se frayer un chemin au milieu des abeilles de la ruche qui rentraient les pattes pleines de pollen. On voyait ces pillardes être en partie repoussées, certaines sortant en courant sur la face avant de la ruche et s'envolant à nouveau pour essayer de rentrer.

Les réducteurs d'entrée sont encore en place sur les ruches. J'ai néanmoins réduit le passage d'entrée à une largeur d'environ 4 cm. Il y a eu un peu d'embouteillage au niveau des butineuses qui revenaient avec du pollen. Cela a rendu l'accès beaucoup plus difficile pour les pillardes et le calme est revenu progressivement. J'ai pu observer de très près le filtrage des abeilles à l'entrée. Les butineuses avec le pollen faisaient un peu la queue, mais rentraient sans difficulté. Les "pillardes", qui si elles arrivaient à se glisser dans les flux des butineuses, ressortaient presque immédiatement. Le vol des butineuses à l'approche de la ruche était beaucoup plus calme et nettement moins bruyant que celui des "pillardes".

 

Que peut-on en conclure?

Les pillardes peuvent venir de ruches qui étant un peu "juste" en ressources (miel, candi), essayent de récolter des provisions à moindre frais. Est-ce que leurs propriétaires ont fait un suivi suffisant des ressources restant dans ces ruches à cette époque de l'année où l'activité et la ponte reprennent. Certaines lignées d'abeilles qui consomment beaucoup ont parfois plus tendance à s'adonner au pillage. Les ruches attaquées peuvent être des colonies un peu faibles.

  • Pour ne pas dévaster les ruches des autres apiculteurs (ou ses propres ruches plus faibles), vérifier le niveau de ressources et rajouter du candi si nécessaire.
  • Sur les ruches les plus faibles, réduire l'entrée de manière importante afin de permettre à l'essaim de se défendre et décourager les pillardes.

 

 

 

 

 

Merci de ce résumé fort complet de la situation Dominique !  Par contre , mon expérience et celles de quelque autres , me font observer  que ce ne sont pas des " races" ou sous espèces qui sont pilleuses plus que d'autres , mais des lignées , il faut maintenant ( moi compris .. car j'ai tenu aussi ce discours), je crois aller contre le fait que la buckfast mange beaucoup plus en hiver que d'autres par exemple , que la tendance à piller est majoritairement le fait de  la linguistica .  Le fait que la majorité des apiculteurs ont des sous espèces " mixtes" locale et l'apport  des  dernières connaissances en génétique et épi génétique me font pencher plutôt pour des facteurs  multiples / aux comportements de nos abeilles....tu as très bien posé le problème pour ce qui est du pillage ..donc attention les ressources sont encore maigres et la concentration de ruches sur certains endroits est très( trop) importante aux vues desdites rescousses ,ajouté à un facteur de différence de développement des colonies t+les orphelines ou bourdonneuses non repérées représentent  un véritable danger pour les colonies ... 

Merci Michel pour ces précisions. J'ai fait la modification dans le texte du billet.

Dominique

Pour voir d'où viennent les pillardes, on peut les enfariner et voir dans un premier temps si les abeilles viennent des ruches de son propre rucher (cela arrive).

Mais la suite est plus compliquée, puisqu'il faut faire le tour des ruchers autour de notre propre rucher (enquête parfois difficile, ruchers avec localisation inconnue... ) et observer si les abeilles enfarinées rentrent dans les ruches d'un autre rucher... puis trouver le propriétaire et discuter.

Pour sauvegarder les ruches en cours de pillage, réduire les entrées comme décrit par Dominique et au pire les déplacer mais au risque que les pillardes ne s'attaquent aux ruches d'à côté...

Tout ceci est bien compliqué

Bon courage

Bruno

 

La réduction de l'entrée s'applique bien si le pillage n'est pas massif et violent. Sinon il faut fermer l'entrée (à condition d'avoir un fond grillagé pour la circulation d'air), laisser passer  un certain temps, attendre que l'arrivée de pillardes diminue fortement . Ensuite ré-ouvrir et réduire l'entrée.

Attention de ne pas laisser la ruche fermée trop longtemps si elle est au soleil, la température peut monter rapidement.