Piéger ou ne pas piéger le frelon asiatique?

Piéger le frelon asiatique tue de nombreux autres pollinisateurs.

L'Office pour les insectes et leur environnement (Opie) et France Nature Environnement (FNE) mettent en garde notamment sur les pratiques de piégeage « précoces » du Frelon asiatique, sans réelle efficacité et néfastes pour d'autres insectes, dont de nombreux pollinisateurs.

 

Pourquoi certains pratiquent le piégeage précoce ?

Le Frelon asiatique (Vespa velutina), espèce exotique découverte en France en 2005, est bien implanté et il est désormais admis que son éradication est impossible. Une colonie peut commettre des dégâts sur certains ruchers en chassant les abeilles domestiques afin de nourrir ses larves. Le préjudice peut être important pour les apiculteurs des zones concernées, qui tentent de réagir en proposant un piégeage massif des reines fondatrices dès février à l'aide de dispositifs attractifs parfois « faits maison », constitués de bouteilles-pièges appâtées de mélanges sucrés et alcoolisés.

 

Pourquoi ce piégeage est néfaste ?

Il a été prouvé dès 2009 par des entomologistes de la Linnéenne de Bordeaux, que ces pièges ne sont pas sélectifs, et des versions plus sélectives sont souvent proposées à la fabrication, sans études sérieuses de leur efficacité : ils capturent et tuent de très nombreux insectes non ciblés.

De plus, d'après une équipe de l'INRA de Bordeaux (2012) et du Muséum national d'Histoire naturelle (2013), ils n'auraient aucun impact réel sur les populations de Frelon asiatique qui restent équivalentes dans les zones piégées par rapport à des zones sans pièges.

 

L'efficacité du piégeage précoce est encore en phase de test

Une étude, se limitant à 3 départements, est en cours (2017) avec des contributeurs bénévoles, encadrés par le MNHN et l'ITSAP - Institut de l'abeille, afin d'évaluer l'efficacité réelle du piégeage de printemps contre Vespa velutina, mais en aucun cas il ne s'agit d'un appel à piégeage généralisé. 

L'Opie et FNE appellent donc à un arrêt de ces pratiques de piégeage, inefficaces et très impactantes pour les autres insectes et le fonctionnement des écosystèmes !

L'Opie et FNE conseillent, conformément aux recommandations du Muséum national d'Histoire naturelle et du Ministère de l'Agriculture :

  • de s'abstenir de tout piégeage préventif qui massacre un grand nombre d'insectes non cibles sans affecter les populations de Frelon asiatique ;
  • de ne pas pratiquer de piégeage printanier (très faible impact sur le nombre de colonies en été) ;
  • de piéger, de fin juin à mi-novembre, uniquement à proximité des ruchers attaqués pour faire diminuer la pression de prédation, en utilisant comme appât le jus de cirier (plus « sélectif » que la bière).
  • de participer à des campagnes locales organisées de détection des nids.

 

 


 

Comme quoi il ne semble pas y avoir de vérité ni de consensus sur le fait de piéger (préventivement) le frelon asiatique. A creuser.

 

 

Document UNAF de mars 2017.

Le frelon asiatique est apparu en France en 2005 et depuis lors, il exerce une forte pression sur les ruchers, occasionnant des préjudices importants pour les apiculteurs situés en zones colonisées. Ces derniers jours, deux associations environnementales ont communiqué pour proscrire le piégeage du frelon asiatique, en ce qu’il détruirait trop de pollinisateurs et serait inefficace. Bien entendu, l’Union Nationale de l’Apiculture Française a elle aussi le souci de la protection des pollinisateurs. Pour autant et du fait de son expérience de terrain, elle ne partage pas l’analyse de ces organisations : réalisé au bon moment et dans des lieux choisis, le piégeage de printemps est un moyen de lutte efficace, qui permet de prévenir les dégâts du frelon asiatique sur la faune locale et les abeilles.

 

Inefficacité du piégeage ? Au contraire, un moyen de lutte incontournable.

Plusieurs expériences locales ont montré une diminution considérable du nombre de nids grâce au piégeage de printemps. A Trélissac, en Dordogne, où ce piégeage a été coordonné sur 3 ans par la ville, le nombre de nids a été significativement réduit. Dans le Morbihan, où le piégeage de printemps est organisé au niveau départemental, le nombre de nids de frelons a significativement diminué là où le piégeage a été bien mené, la commune la plus colonisée demeurant celle qui ne piège quasiment pas (Lorient). Aujourd’hui, pour l’UNAF, le piégeage des fondatrices est un moyen de lutte incontournable et, combiné à la destruction précoce des nids ainsi qu’à la protection individuelle des ruchers, il permet à l’apiculteur de limiter les dégâts du frelon sur les abeilles et les pollinisateurs sauvages.

 

 

Mise en danger des pollinisateurs ? Quid des impacts du frelon sur la diversité locale ?

Sur la non-sélectivité des pièges, les apiculteurs sont les premiers à regretter qu’aucun piège sélectif n’ait été trouvé par le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) malgré les financements alloués ! Mais la question de l’impact sur l’entomofaune doit être posée de manière différente. En effet, le frelon asiatique ne s’attaque pas qu’aux abeilles mellifères et il chasse de nombreuses espèces d’insectes: abeilles sauvages, mouches, papillons, coccinelles, chenilles, guêpes, etc. Piéger les reines fondatrices pour éviter le développement d’un nid hébergeant plusieurs milliers d’individus permet donc de limiter les dégâts qu’occasionnerait sur la biodiversité le développement d’un de ces nids.

 

La recherche publique partagée sur le piégeage de printemps

Les organismes de recherche ne semblent pas tous se ranger derrière les thèses du MNHN sur le piégeage de printemps. A titre d’exemple, un projet de recherche coordonné par l’INRA et le CNRS fait la promotion du piégeage de printemps en mettant en avant son efficacité et les impacts du frelon sur la biodiversité locale.