L’exposition au néonics réduirait l’attractivité des reines

Chez les abeilles sociales, une des stratégies adoptées pour augmenter la diversité génétique au sein de la colonie est le comportement polyandre de la reine. L’accouplement de cette dernière avec de nombreux mâles est donc un paramètre crucial pour la survie de la colonie, affectant sa productivité et sa capacité à faire face aux altérations de son environnement (Voir billet sur l’évolution).

A l’heure actuelle, la majorité des études s’intéressant à l’impact des néonicotinoïdes (néonics) sont conduites sur des ouvrières. Parmi les effets sub-léthaux identifiés, on retrouve des altérations du comportement, de cognition ou du mouvement. Les auteurs de cette étude ont mesuré le niveau de polyandrie de reines exposées aux néonics au cours de leur développement. Ces dernières ont été exposés via les abeilles nourricières, elles-mêmes nourries via du pollen contaminé selon des doses observables dans l’environnement. Après émergence, les reines vierges ont pu s’accoupler en contexte naturel. Sur les ouvrières produites par la reine, les auteurs ont extrait leur ADN et réalisé une « recherche en paternité ». Ces derniers ont mis en évidence que les reines exposées au néonics se sont accouplées avec moins de mâles, affectant la diversité génétique au sein de la colonie. Aucune altération du comportement, de cognition ou du mouvement n’a été observé chez ces reines, pouvant expliquer des difficultés à engager la reproduction. Les auteurs émettent l’hypothèse que les néonics auraient altéré les phéromones émises par la reine, la rendant moins « attractives » pour les mâles.

Alors que la majorité des études s’intéressent aux effets à court-terme de l’exposition aux néonics, cette étude met en évidence le possible impact à long terme sur la santé de la colonie.

Forfert et al. Neonicotinoid pesticides can reduce honeybee colony genetic diversity. 2017. PLoS One 12(10)